SIT WALK STAND (être assis, marcher, tenir ferme)

Sans adhérer à la théologie de l’auteur, j’ai toujours aimé ce titre du protestant évangélique chinois Watchman Nee. Selon sa perspective, être assis est la position du croyant en Dieu. Il n’a rien à faire, juste se poser et accepter l’amour de Dieu qui donne le salut. Marcher est l’attitude à laquelle l’être humain est appelé dans la vie publique : il avance, prend des initiatives, forme des projets. Tenir ferme, enfin, est l’attitude requise face à « l’ennemi », le mal. Il s’agit de ne pas laisser les idées noires prendre toute la place, gagner du terrain et nous envahir. Dans ce cas, l’ambition a minima est de laisser passer l’orage sans trop y laisser de plumes.
Ces attitudes physiques fondamentales peuvent être facilement transposées dans la sphère « laïque ». Je suis assis.e quand je goûte le moment présent, quand je suis dans la contemplation de ce qui est. A ma place, je ne cours plus, ni ne me justifie. Précisons que pour Watchman Nee nous ne sommes pas invités à nous assoir mais à nous « voir assis », dans ce qui est déjà accompli, achevé, en harmonie. Ces moments, reconnaissons-le, sont rares mais il suffit d’en savourer quelques-uns pour que revienne l’envie de vivre.
Dans la marche chacun a son style propre, il y a ceux qui dansent, ceux qui courent, ceux qui flânent, ceux qui posent des jalons. Un vieux monsieur me disait récemment qu’il en avait marre d’être en centre de soins, qu’il se sentait dans un cagibi, lui qui s’était toujours débrouillé tout seul. Alors quand c’est comme ça, me disait-il, je me lève et je marche. Arpenter sa chambre, avec sa bouteille d’oxygène, faisait de lui, au propre et au figuré, un homme debout, qui prend en main son destin.
La troisième posture « to stand » est plus difficile à traduire en français, plus difficile aussi à appréhender. « To stand » c’est « tenir ferme, endurer » mais aussi « se tenir debout, se lever ». L’idée est de résister à une force – pour Watchman Nee, le Mal – de s’arc-bouter mais pas de se battre ou d’essayer de gagner du terrain car l’erreur dans ces circonstances serait justement de se battre « contre ». Face aux critiques, aux revers, aux épreuves en série, nous pouvons bien sûr être gagnés par la colère, la tristesse, débordé par un sentiment d’injustice ou de peur. Mais il est un territoire intérieur qui doit rester sacré et qu’il nous faut protéger comme une flamme, bien à l’abri des vents contraires.

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Rapide réflexion autour de ces trois postures de vie

  • Comment est-ce que je peux visualiser la première attitude : être assis.e ? Qu’est-ce qui me permet de me sentir porté.e par une assise ? Où puis-je me re-poser ?
  • Quel est mon style de marche ? Comment est-ce que je me visualise en train de marcher dans la société, dans mes relations, mon travail, mes activités ?
  • Quand je tiens ferme, quelle est le territoire a minima que je souhaite protéger et défendre ?